
Mes premiers chagrins scolaires
Quand l’école pesait sur mon cœur, je n’avais pas encore les mots pour le dire. Mais la souffrance était bien là, dès ma toute première année de maternelle.
Être séparée de ma mère toute une journée était une épreuve. Passer des heures enfermée dans une classe, devoir manger sur place… ce nouveau rythme imposé me semblait invivable. Chaque matin, les larmes coulaient, et je suppliais ma mère de ne pas m’y emmener.
Quand j’approchais de cette grande barrière verte j’avais la boule au ventre. Je percevais cette odeur particulière dans l’air. Elle m’annonçait qu’il ne me restait plus beaucoup de pas à faire avant d’y entrer.
Je posais tout le temps cette question à ma mère : « Ça va passer vite Maman ? »
Et elle me rassurait en me disant : « Oui Kathy ne t’inquiète pas. En un rien de temps je serai de retour pour te récupérer. »
Alors que les enfants chantaient le matin, moi j’étais inconsolable. Certaines journées étaient plus supportables que d’autres, surtout le vendredi hihihi !
Je me souviens de ce matin où je n’étais vraiment pas motivée à y aller. Haute comme trois pommes, j’ai eu une incroyable idée… Simuler un évanouissement dans cette grande allée à traverser avant de rejoindre ma classe. Et ma mère que je ne pouvais pas berner, a tout de suite compris ma scène de théâtre !
Un souvenir inoubliable qui encore aujourd’hui nous fait rire aux éclats.
Une élève à part
En primaire, ma mère s’étonnait souvent de ne jamais me voir faire de devoirs à la maison. Chaque soir, elle me posait la question, et je lui répondais toujours que j’avais déjà tout fait. Elle a donc pris rendez-vous avec ma maîtresse. Elle voulait se rassurer et savoir si tout se passait bien en classe.
Et donc, en arrivant à ce rendez-vous, ma maîtresse a été surprise. Elle a confirmé à ma mère que tous mes devoirs étaient toujours faits… et bien faits. Que j’étais une très bonne élève.
J’ai expliqué qu’au moment où la maîtresse dictait les devoirs à faire, je m’empressais de les faire sur-le-champ. Je ne voulais pas avoir à les faire en rentrant.
Parce que pour moi, c’était comme ramener un peu de l’école chez moi.
Alors qu’une fois que j’avais franchi le portail, pour moi, ce qui était de l’école devait rester à l’école.
Je voulais avoir cette liberté en rentrant chez moi. Cette possibilité de faire tout autre chose que des activités liées à l’apprentissage.
En grandissant, cet inconfort lié à ma scolarité ne changeait pas. Cette souffrance intérieure, je la portais sans avoir le choix. Je devais y aller comme tout le monde !
Et pourtant, je suivais une voie qui ne me convenait pas.
Une scolarité sans direction
Un cursus scolaire imposé, faute de savoir ce que je voulais vraiment.
J’aimais beaucoup de choses… et en même temps, rien ne me passionnait, rien ne me faisait vibrer.
Je n’avais aucune idée de métier qui pourrait contribuer à mon épanouissement plus tard.
Je savais juste que j’étais créative. Mais ça comptait pour du beurre car il fallait se former pour occuper ensuite des postes dits « d’avenir ».
Alors mon seul vrai désir était que mes années d’étude se terminent.
J’avançais uniquement guidée par les conseils des professeurs.
J’apprenais vite, j’avais de bonnes notes quand je le voulais. D’ailleurs, souvent les professeurs disaient à ma mère : « Elle est capable de faire beaucoup plus. Mais elle se repose sur ses lauriers ».
Je n’avais aucune ambition claire, aucun projet d’avenir, aucune énergie. Tout était flou.
Et cela a fini par me rattraper.
Passé le collège, mon taux d’absentéisme devenait de plus en plus préoccupant.
J’ai même déserté le lycée pendant une longue période, peu de temps avant de passer l’examen final.
Dieu place des âmes sur notre chemin
Mais Dieu, dans sa fidélité, a placé une âme précieuse sur ma route.
Ma professeure principale.
Elle s’est tenue là comme une figure maternelle dans un moment de grand vide.
Alors que le proviseur envisageait de m’exclure définitivement de son établissement, elle n’a pas hésité à prendre ma défense. Elle lui a demandé de me laisser une chance et qu’il verrait le résultat.
Elle croyait en moi, en mes capacités, en mon potentiel.
Une prof sévère. Mais derrière cette sévérité elle avait un amour vrai pour ses élèves, et un désir sincère de les voir réussir.
Elle a été la seule à voir plus loin que mes absences.
C’est elle qui m’a appelée, encouragée, réveillée.
Grâce à elle, j’ai repris le chemin de l’école, presque à contre-courant, pour passer cet examen.
Et, contre toute attente, je l’ai obtenu.
Depuis, elle est restée présente dans ma vie.
Elle n’a jamais cessé de veiller à sa manière. Toujours là pour m’encourager, pour croire en moi… Même dans mes silences, et dans mes périodes de rébellion.
Dieu l’a placée sur mon chemin, et elle y est restée. C’était pour moi une Maman de cœur. Et, souvent les liens du cœur équivalent ou surpassent même ceux du sang.
Enfin, j’ai tenu bon jusqu’à devoir poursuivre des études non voulues. Afin de faire face à cette grosse tempête que j’ai eu à traverser. Et que vous découvrirez dans un prochain article.
La vie ne m’a pas trop laissé le choix que de m’accrocher, mais mon histoire était écrite ainsi.
Ce que je retiens aujourd’hui
Ma scolarité a été un fardeau pour moi, c’est vrai. Mais je suis tout de même reconnaissante d’avoir pu aller à l’école. J’y ai appris de nombreuses choses qui me servent dans ma vie de tous les jours.
Je suis consciente que cette opportunité d’étudier, d’autres ne l’ont malheureusement pas, ou difficilement.
Mais il y a une chose essentielle que j’ai surtout pu apprendre de tout ça. C’est que ma valeur n’est absolument pas liée à mon parcours scolaire.
Et quoi qu’il en soit, ce n’est pas un obstacle à la réalisation de ma véritable mission de vie.
En effet, j’ai l’entière conviction que chacun de nous est présent sur cette terre pour une mission bien précise. Nos talents ne nous ont pas été donnés en vain.
Cette mission de vie, nous devons la poursuivre et chercher à la comprendre. C’est en elle que chacun de nous trouvera son équilibre.
J’aimerais alors encourager quelqu’un qui, tout comme moi, ne se sent pas à l’aise avec notre système éducatif. Ou peut-être quelqu’un qui n’a pas encore d’objectif clair. Accroche toi, car ce n’est pas une perte de temps.
L’école, malgré tout, nous prépare à la suite. Peu importe le niveau atteint, ce parcours nous donne des outils précieux. Et le moment venu, ces outils aideront les bonnes portes à s’ouvrir.
Tiens bon, car le meilleur est à venir !
Avec tendresse, Kathy
