
Surmonter le rejet n’est pas un chemin facile, surtout quand il surgit pour la première fois au moment où l’on se construit.
Pour moi tout à commencé en première année de lycée, lorsque celle qui était ma meilleure amie de classe a décidé, du jour au lendemain et sans aucune explication, de ne plus m’adresser la parole, et de m’exclure de ma classe.
J’avais droit à des moqueries quand je rentrais dans les vestiaires pendant les cours d’éducation physique. Dès que je m’approchais, je captais des chuchotements étouffés, suivis d’explosions de rires que je ne comprenais pas. Entre les moqueries, les silences pesants, le rejet brutal et mon désintérêt total pour un système scolaire qui ne me ressemblait pas, c’était une véritable horreur.
La blessure devient un mal-être profond
J’ai essayé de comprendre ce que j’avais bien pu faire. Mais je n’ai jamais eu la moindre explication. Chaque jour était plus lourd que le précédent. J’étais profondément blessée. À cette époque, j’étais ronde, et en un rien de temps, j’ai malheureusement sombré dans l’anorexie. Une véritable chute libre. Une douleur tellement insupportable que, pendant plusieurs semaines, peut-être des mois, je faisais semblant chaque matin. J’enfilais mon sac, je saluais ma mère… mais au lieu d’aller au lycée, je me réfugiais dans la cage d’escalier, attendant son départ pour rentrer chez moi. Mon cocon. Mon seul abri, loin de cette souffrance.
Une vérité enfin révélée
J’ai cru que je ne pourrais jamais surmonter ce rejet, tant la douleur était profonde.
Malgré notre relation fusionnelle, je n’arrivais pas à lui parler de ce que je traversais. Et pourtant, j’avais l’habitude de tout lui confier. Mais cette fois, je n’y arrivais pas. Alors elle a observé. Et un jour, ma perte de poids fulgurante l’a alertée. Elle a tenté de comprendre, m’a posé des questions. Puis elle a fini par réaliser que j’étais malade.
Je perdais du poids chaque semaine. Ma santé déclinait rapidement. Lors d’une consultation chez mon médecin traitant, accompagnée de ma mère, bouleversée par la situation, j’ai vu ce jour-là dans les yeux de mon médecin une inquiétude sincère. Il m’a dit que si mon état ne s’améliorait pas rapidement, l’hospitalisation serait inévitable. Ou pire : la mort.
Cette annonce m’a profondément secouée. Et c’est là que j’ai fini par tout avouer à ma mère : le rejet de mon amie, ma déscolarisation secrète. Elle n’a pas pu retenir ses larmes. Je l’ai vue brisée, effondrée. Sa tristesse à l’idée de pouvoir me perdre, et mon amour pour elle, plus que pour moi-même, ont suffi à me donner envie de me battre.
Petit à petit, j’ai pris le dessus sur la maladie.
Un nouveau départ… fragile
Ma mère a décidé de me changer d’établissement. J’étais soulagée qu’elle sache enfin. Et soulagée de pouvoir compter sur son soutien. J’espérais retrouver la paix. Mais ma tranquillité d’esprit fut de courte durée.
Dans le nouveau lycée, je suis tombée sur une fille qui, depuis longtemps déjà, avait décidé de me voir comme une ennemie. Elle a pris le relais. Dès qu’elle me croisait, entourée de ses camarades, elle me lançait des piques, me provoquait à la moindre occasion. Je devais mobiliser toutes mes forces pour ne pas réagir, car c’est ce qu’elle espérait. Ça aura duré plusieurs années.
Mais grâce à Dieu, nous n’étions pas dans la même classe. Et malgré tout, j’ai réussi à passer mes examens et à profiter pleinement des bons amis de classe que j’avais.
Durant cette période, la présence, l’écoute et le soutien de ma mère m’ont beaucoup aidée à m’accrocher. Et l’envie de vaincre totalement ces troubles de l’alimentation prenait de plus en plus de place dans mon cœur. J’ai alors eu au fil du temps des clés pour y arriver. Et contrairement à ce que je pensais, je n’étais pas seule dans cette démarche.
Un chemin de guérison sans accompagnement médical
En effet, il est important de préciser que j’ai traversé ce processus de guérison sans réel accompagnement médical. Je n’ai pas été suivie par une équipe de professionnels, ni accompagnée psychologiquement comme on pourrait le recommander. J’ai bien essayé de rencontrer des psychologues, mais je ne me sentais pas vraiment aidée. Il y avait de l’écoute, oui, mais je n’y trouvais ni direction, ni réponse.
Et pourtant… j’ai tenu. J’ai avancé. J’ai guéri. Pas en un jour, ni même en une seule saison. La guérison a été très longue et progressive.
Je sais que la force que j’ai eue ne venait pas simplement de moi. Je n’en aurais jamais eu suffisamment avec ces autres épreuves qui m’attendaient, et que je partagerai avec toi dans les prochains articles. Elle venait d’en haut. De Dieu. Et il m’aura fallu beaucoup de temps avant d’en avoir conscience. Cette force venait de sa main posée sur mon cœur, de sa lumière dans mes périodes sombres.
Cette maladie, qu’on dit sans traitement, difficile à saisir, je l’ai affrontée avec rien d’autre que ma foi, et une bonne dose de persévérance. En effet, c’est l’estime de moi-même, lentement retrouvée, reconstruite, redonnée par Dieu, qui m’a permis d’en sortir.
Il n’y a pas eu de miracle spectaculaire. Mais il y a eu un miracle silencieux, jour après jour.
Se relever dans la foi
À travers ce témoignage, j’aimerais encourager les parents qui se sentent impuissants, ou ceux qui sont eux-mêmes confrontés au rejet ou à l’anorexie, à ne pas baisser les bras. Même si tout semble impossible, demande à Dieu son aide. Parle lui avec simplicité, je t’assure qu’il agira. Il n’y aura jamais mieux comme prière que celle qui vient du cœur.
Je n’ai pas toujours été proche de Dieu comme je le suis aujourd’hui. Mais avec le recul, je sais que mon combat a été le sien. Et je crois qu’il veut en faire autant pour toi aussi, là où tu es, dans ce que tu vis.
Une autre épreuve, bien plus difficile, m’attendait. Mais cette fois… Dieu allait vraiment se révéler à moi. Et les miracles allaient commencer. Je vous la raconterai dans un autre article.
Avec tendresse, Kathy
