Une enfance sans repères

Quand l’amour blesse au lieu de construire

enfance sans repères

Un corps faible, un cœur accroché à l’amour

J’ai grandi dans une enfance sans repères, sans lumière, sans cadre rassurant. Très tôt, j’ai appris à vivre dans l’incertitude, dans un monde flou où les repères familiaux manquaient, et où la joie, chez moi, semblait toujours absente.

Je suis née prématurément. Et je suis restée longtemps une enfant vulnérable. J’ai enchaîné sans répit les bronchites dites asthmatiformes. Au moindre courant d’air, je tombais malade. Certains soirs, je devais dormir assise pour mieux respirer. Une fois, j’ai dit à ma mère, épuisée : « Ça m’énerve, j’aurais mieux fait de mourir. » C’était vraiment pénible. J’avais besoin de soin, de présence, de tendresse. Et c’est là que l’amour de ma mère a pris toute la place dans mon cœur.

Elle était douce, attentionnée, toujours là pour m’encourager à tenir bon. Si bien que je l’avais surnommée « mon médicament ». Sa présence a été une vraie source de réconfort pour moi. Je croyais que son amour était solide, protecteur, indéfectible. Elle était mon modèle, ma force, ma certitude. La seule source d’amour que je pensais fiable.

Une famille divisée, une enfance troublée

Mais ce cocon maternel ne pouvait masquer le chaos autour. Mes parents étaient séparés, j’avais beaucoup de mal à l’accepter et surtout à comprendre, car mon père faisait tout de même des allers-retours, une relation instable qui me blessait profondément. Ma mère disait que c’était la faute de mon père, et mon père disait que c’était à cause de ma mère. Entre eux, il n’y avait que tension, rancœur, et contradictions. Alors moi, j’étais là, petite, perdue au milieu d’un champ de silence et de confusion… d’une véritable enfance sans repères. Je souffrais énormément de l’absence de mon père. Il n’était là qu’en pointillés, selon les humeurs de ma mère. Ses gestes d’amour se limitaient souvent à des cadeaux, de l’argent, des bonbons, des gourmandises à tout va… Mais ce sucre là ne calmait rien. Il ne remplissait pas le vide. Il nourrissait juste une faim passagère — parfois même inexistante — mais jamais celle du cœur. Avec le temps, ce manque a laissé une faille. Je me suis tournée vers la nourriture pour combler mes émotions, croyant y trouver un réconfort que je n’avais pas ailleurs. Et cela m’a poursuivie longtemps.

Un regard précoce sur le monde

En parallèle, très jeune, je posais souvent des questions existentielles à ma mère : Pourquoi le mal existe ? Pourquoi les gens souffrent ? Pourquoi certains ont tout et d’autres rien ? Elle ne savait pas quoi répondre. Je crois qu’elle aussi portait ses propres silences, et n’avait pas les mots pour les miens. Par ailleurs, je détestais aller à l’école. J’avais l’impression qu’on m’arrachait chaque matin à moi-même. J’aimais apprendre, mais le cadre, la rigidité, la séparation… tout me faisait mal. Je pleurais souvent. Je ne trouvais pas ma place là-bas, ni dans ma famille, ni sur cette Terre.

Le chaos autour d’une petite fille sensible

Et puis il y avait la maison de ma grand-mère dans laquelle je vivais… Un lieu censé être mon refuge, mais qui ne l’était pas. Une maison entourée d’insécurité, avec des drogués dans les rues, des cambriolages réguliers, et à l’intérieur, une famille maternelle divisée. Des disputes, des cris, des tensions constantes. Aucun espace de paix. Aucun espace d’Amour.

Ces nombreux cambriolages ont d’ailleurs laissé en moi un véritable traumatisme. Chaque nuit était un moment de tourmente, de peur, de stress. Mon entourage ne voyait rien. Je pleurais en silence. Je me souviens encore de ces soirs où je devais aller me brosser les dents seule, en tremblant comme une feuille. Mon cœur battait à mille à l’heure. Et pourtant, on disait que j’exagérais… Pour moi, c’était une horreur. Une souffrance bien réelle.

Le jour où j’ai appris que ma mère et moi allions déménager, mon cœur a explosé de joie. J’ai supplié ma mère d’aller dans cette nouvelle maison, même si elle était encore vide. J’étais prête à dormir sur un matelas à même le sol — et c’est ce que j’ai fait. Cette nuit-là, j’ai dormi d’un sommeil rare. C’était une des plus belles nuits de mon enfance. Une vraie délivrance.

L’ombre d’un amour maternel

Mais en grandissant, j’ai dû faire face à une douloureuse vérité. J’ai compris que l’amour que je croyais si sûr, celui de ma mère, était en réalité plus complexe et nocif qu’il en avait l’air. Il deviendra pour moi, des années plus tard, l’une des causes de ma descente vers l’enfer.

Je vous raconterai pourquoi dans un prochain article.

Mon histoire est celle d’une enfance sans repères, mais aussi d’un cœur qui cherche à se relever malgré tout.

Je porte encore les traces de cette enfance sans repères. Mais aujourd’hui, l’écrire fait partie de mon processus de guérison intérieur, et je sais aussi que d’autres enfants sont devenus adultes avec ce même vide, ce même besoin de comprendre.

Mais si toutefois tel est ton cas, j’aimerais que tu saches qu’il n’y a que Dieu qui puisse transformer les débuts les plus sombres en chemin de lumière. Il connait chaque vide, chaque larme, chaque silence… Et il sait comment guérir.

Moi-même, je continue chaque jour à Lui confier ce qui me pèse. Et c’est ce lien avec Lui qui m’aide à avancer, à guérir, à espérer.

Tu peux, toi aussi, t’appuyer sur lui. Il ne t’abandonnera jamais.

Avec tendresse, Kathy

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